CABOU

Le camp de Rivesaltes

(vendredi 20 octobre 2023)

L’histoire de ce lieu
débute avec « la retirada »,
exode d’une révolution vaincue
au nom d’un « front populaire ».
Révolution dévorée par la guerre,
sur l’air d’un sinistre « ¡no pasarán ! »,
en défense de l’ordre bourgeois d’Espagne.
Révolution trucidée,
alors qu’ici l’heure est aux congés payés.
L’histoire de ce camp débute donc en 39,
avant même qu’il ne soit construit,
quand une partie des réfugiés espagnols,
entassés, non loin, comme du bétail,
est déplacée sur ce terrain vague.

vies en transit jusqu’à l’heure dite
dans l’internement
vies interdites, vies en faillite
dans l’enfermement

Les Espagnols sont mobilisés
pour construire leur propre camp de concentration.
Puis sous Vichy, on y enferme
les « étrangers indésirables »,
les « dangers potentiels » pour la France,
les opposants politiques, les Juifs et les Tziganes.
Des fonctionnaires de l’État français
participent à l’Holocauste
en expédiant des Juifs
vers Auschwitz, depuis ce camp.
Rivesaltes est devenu
le « Drancy de la zone sud »,
on y envoie les « Israélites »
arrêtés dans cette partie du territoire.

vies en transit jusqu’à l’heure dite
dans l’internement
vies interdites, vies en faillite
dans l’enfermement

Vue panoramique par beau temps (ciel bleu). Il n'y a aucune voiture sur le parking. Une rangée d'éoliennes est placée en bordure du parking.

En 45, des prisonniers de guerre
sont rassemblés dans ce camp.
Et comme d’habitude,
la force de travail des détenus
est largement exploitée ;
ici c’est pour reconstruire la région.
Pendant « les événements d’Algérie »,
des militants indépendantistes
sont discrètement incarcérés.
En 62, la « Nation reconnaissante »
entasse, par milliers, des Harkis
dans ces baraquements miteux,
avec d’autres « supplétifs »,
venant d’Afrique ou bien d’Asie.

vies en transit jusqu’à l’heure dite
dans l’internement
vies interdites, vies en faillite
dans l’enfermement

Depuis 2015,
le camp de Rivesaltes est désormais « musée mémorial ».
Grâce à cela, probablement,
réfugiés espagnols, Shoah et Harkis
deviennent les mots-clés essentiels,
indexés à ce lieu.
Il manque pourtant une étape ultime
à l’histoire officielle :
de 86 à 2007,
le camp se transforme en CRA,
un type de prison spéciale
pour immigrés clandestins.
En 2007, le CRA de Rivesaltes
s’installe à côté de l’aéroport de Perpignan.

vies en transit jusqu’à l’heure dite
dans l’internement
vies interdites, vies en faillite
dans l’enfermement


 
 

Photo : vue sur le parking du Mémorial du camp de Rivesaltes