CABOU

Image laide

(vendredi 13 avril 2012)

La France, fille aînée du Komintern, n’a pas connu de grand théoricien du communisme. Pas de Gramsci, aucun équivalent de Bordiga, ni de Korsch.

Le communisme français a produit des Thorez, des Duclos ou des Marchais. De gros bourrins à œillères, capables d’opérer des virages à 180 degrés, comme au moment du pacte germano-soviétique.

Marchais, dont il est de bon ton, aujourd’hui, de rappeler le souvenir avec quelques accents nostalgiques, représente la figure même de la tragédie du communisme historique, sur ce territoire.

Marchais était la petite marionnette consentante du grand jeu médiatique dont l’effet immédiat fut de corseter la classe ouvrière dans une représentation caricaturale de sa propre impuissance.

Marchais, distraction préférée des journalistes, incarnait à la perfection le prolétaire tel que la bourgeoisie aime à se le représenter : laid, stupide, vulgaire, de mauvaise foi, retors, servile devant ses maîtres, effronté face à des contradicteurs de comédie, car une grande complicité unissait tout ce beau monde dans un jeu de guignol où jamais le renversement de l’ordre social ne fut au programme.

La laideur de Marchais était un piège, car l’homme était laid, effectivement.

Sa laideur ne portait nullement sur son physique, critère totalement subjectif et futile [1], mais, sur la détermination de l’homme politique à interpréter une image du communisme profondément laide.

Une image du communisme où la personne est ravalée au rang d’accessoire dans un grand jeu qui le dépasse.

Une image du communisme où le prolétaire, ne pourra prétendre, au mieux, qu’à singer la figure stéréotypée de la « grande gueule populaire ».

Une image du communisme où le mérite militant implique avant tout de gagner des galons dans un appareil caporalisé.

Une image du communisme qui en reste aux images.

Le communisme, version Marchais, ne pouvait conduire qu’au désespoir ou au cynisme.

En interprétant, avec tant de zèle, ce rôle de fossoyeur du communisme, Marchais a contribué à empêcher la classe ouvrière de se donner les moyens d’affirmer son avenir.

Et l’on sait, après Marchais et tant d’autres, que l’on peut être tout à la fois fondamentalement communiste et viscéralement anticommuniste.


 
 
Notes :

[1Et l’on souhaite à Madame Marchais d’avoir considéré que son mari fût terriblement sexy.