Lyon, un an après 1830,
Monarchie bourgeoise triomphante,
La classe laborieuse s’est soulevée,
Genèse d’une histoire inachevée.
D’un côté, les marchands,
De l’autre, les artisans
Qui n’ont qu’art et corps
Comme seul trésor.
Les canuts triment comme des bêtes,
Travail de la soie vendu à prix d’or
sur toute la planète.
Les vendeurs s’engraissent sur ce labeur
Mais pas les tisserands, cherchez l’erreur.
Les ouvriers veulent un tarif
Contre ces prix du marché abusifs,
Pour que l’obligation d’une loi
Garantisse leurs droits.
Le préfet, soucieux de la paix locale,
Écoute les canuts et donne son aval
Mais Paris l’oblige à revoir son affaire :
Pas de tarif, les prolos n’ont qu’à se taire.
Les marchands sont rassurés.
Ce régime sert leurs intérêts
En bridant les droits
De ceux qui l’ont fait roi !
La révolte éclate dans les faubourgs.
Lyon s’embrase : les côtes, les rives
et les cours.
Lyon, citée ouvrière, n’est pas prise
Puisque Lyon est entièrement acquise.
Les insurgés n’investissent aucune autorité,
Alors que le pouvoir officiel a déserté.
Peu après, Soult reprend la ville, sans heurts
La révolte s’éclipse et attend son heure.
Ce sera trois ans plus tard
Mais déjà, c’est une autre histoire :
Un mouvement social embryonnaire,
Répression féroce, la France tortionnaire.
185 ans après, quels enseignements ?
Le roi a cédé la place au gouvernement
Mais qui décide vraiment ?
Qui sont les compagnons du temps présent ?
Ne faut-il pas expurger nos propres ornières ?
La mythologie insurrectionnelle mortifère ?
Les paralysant rites mémoriels ?
Les logiques sectaires fractionnelles ?
Et si on en venait aux fondamentaux ?
La lutte économique des égaux !
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