Qui vient là ?
Agglo périurbaine,
tournoyant constamment.
Qui vient là ?
Tournoyant constamment,
autour de ces ronds-points.
Qui vient là ?
Autour de ces ronds-points,
plein gaz sur la sortie.
Les métropoles
pompent les ressources,
arment les richesses,
régissent les flux,
civilisent les rapines
et concentrent des empires.
Les métropoles
quadrillent les vies,
brutalisent l’espace,
violent les destinées
et attisent la haine.
Les métropoles
rythment le néant,
multiplient les banalités
dressent des abîmes,
forgent des tristesses
et chérissent le désespoir.
Les métropoles
tracent des voies sans issue
et anéantissent l’hypothèse même
d’une quelconque terra incognita.
Les métropoles
exhibent l’enflure,
et décrètent l’innovation
mais ne sont rien d’autre
que le futur de l’État.
Ton futur
se perdra-t-il
encore longtemps
sur l’asphalte ?
Qui vient là ?
Plus de job, plus de boulot,
du biz, du biz que du biz.
Qui vient là ?
Plus de toubib, plus d’hosto,
came, morts et maladies.
Qui vient là ?
Plus de bar, plus de journaux,
que des centres commerciaux.
Qui vient là ?
Plus de poste, plus de bus,
plus de sécu, plus d’alloc.
Qui vient là ?
Plus de profs, plus d’éducs,
beaucoup trop de mauvais flics.
Qui vient là ?
Plus de villes ni de communes,
juste des intercos.
Le futur
ne sera pas forcément
ce qui est annoncé,
par les vigies
de la Modernité
ni par les sirènes
de l’Apocalypse.
Le futur
ne sera pas non plus
l’inévitable alternative
ou l’inéluctable dénouement,
prophétisé par tel ou tel gourou.
Un futur souhaitable
pourrait advenir
si et seulement si
les humains
décident d’anéantir
mondialement
l’économie capitaliste.
Ce futur
est, à présent,
inaccessible
car l’emprise
de la carcasse
est encore trop forte.
Ce futur
est, dès à présent,
constructible
au travail,
dans les rues,
dans les quartiers,
sur les ronds-points...
Notre futur
se prendra-t-il
à pleines mains
sur l’asphalte ?