Si, d’un coup, la chair de poule te trahit,
Si la frousse pousse en toi son scénario,
Alors, l’air du temps sera ta matrice,
ta matrice !
Si tu es, par l’œil de l’autre, mis hors champ
Si tu plies, lettre minuscule, en gros plan,
Tant qu’on te voit, conforme au synopsis,
Alors, on t’enveloppera l’épiderme.
Si la pulpe de tes muscles t’irradie,
Si lucide, tu couvres le globe d’un chapiteau,
Alors crie au monde tes jours heureux
jours heureux !
Si le feu, te caresse à cœur joie,
Si tes mots, en contrepoids, s’harmonisent,
Tant que, ton propre clown, tu continues d’être
Alors, rien n’atténuera ton tonus.
Si boyaux et viscères tombent en rideau,
Si la haine se met en scène, miasmatique,
Alors, vite tu déguerpis côté cours,
Côté cours !
Si l’ennui te liquéfie puis te dissout,
Si tes phrases se froissent, s’achoppent et s’entrechoquent,
Tant que tu autorises la comédie
Alors, tu la prendras dans l’estomac.
Si tant de plaisir parcourt ton squelette,
Si toute la masse de la terre sonne en toi,
Alors, même planté au sol, tu danseras,
tu danseras !
Si d’autres liesses te traversent la moelle,
Si tu percutes un texte en saillie,
Tant que ta voix tremble, malgré tout,
Alors, la vie résonne dans tes os.