ayant accepté le triomphe 
de la marchandise 
jusqu’à me vendre moi-même 
pour m’y perdre sans raison
je reste entreposé 
dans une zone de chalandise, 
nichée au plus profond de l’intime, 
dans ma propre maison
je rêve d’une fuite, 
avant qu’on me l’interdise,
excitant mon esprit à concevoir 
d’autres liaisons
embarqué en eaux mortes, dans une coque de noix 
en mémoire de nos oublis, peau fripée, sabre de bois
j’esquive le brut, le net 
et toutes ces ritournelles
sur le travail, la valeur 
et autres anesthésiants
un flash d’info, entouré 
de débris de cervelle,
affiche la capture d’écran 
d’une ligue de mendiants
je contourne un flux saumâtre 
de statistiques formelles
à propos de la violence légitime 
contre les sujets déviants
le buste du président, entouré 
d’un feu de poubelles,
s’illumine d’un déluge de grenades 
et de gaz asphyxiant
embarqué en eaux mortes, dans une coque de noix 
en mémoire de nos oublis, peau fripée, sabre de bois
la ci-devant caste bourgeoise 
non létale et technocratique
lance des hordes de robots 
dressés comme des humains
une escouade de managers, 
scande des chants patriotiques
sur l’air du dog whistle, 
tout tir tendu contre les vilains
des tribus de ministres 
et de préfets autocratiques
font bouillir la bassine fumante 
d’un RN bientôt souverain
rien ne pourra m’extraire 
du décor cataclysmique 
d’un rêve dont la fuite 
est le rêve d’une fuite sans fin
embarqué en eaux mortes, dans une coque de noix 
en mémoire de nos oublis, peau fripée, sabre de bois


				
				
				
		
		
		

