Les caboches dodelinent et s’entrechoquent,
au rythme d’affreuses processions baroques.
Entre girouettes et godillots,
le sens de l’histoire défile dans le caniveau.
Et on lui offre encore un pont d’or,
il n’a plus qu’à tendre la gueule
pour arracher la part du lion.
Ceux-là, plus couverts de dettes que de gabardines,
cultivent l’aigreur en sourdine.
Mais on ne reste jamais les mâchoires soudées ad vitam.
Tôt ou tard, sonne le temps du retour de flamme.
Partant d’une foule de petites affaires en faillite,
le coup de menton s’impose en ligne de fuite.
Il n’a jamais été, ni ne sera
au service des classes populaires.
Ce n’est que l’ultime blindage de l’oligarchie.
Les corps vitrés se coagulent en d’aveugles cavités,
plus personne, en fait, ne cherche à s’orienter.
Certains suivent une ligne de crête sans cimes
pour prendre sagement du champ vers l’abîme.
D’autres bâtissent avec ferveur leur propre déchéance,
aux confins du contresens.
On l’a vu venir de loin.
Ce passé sans cesse ressassé
n’a servi qu’à nous saisir de sidération.
Puis vient l’heure du triomphe de la toute puissance,
bras tendus en cadence :
gloire au darwinisme social à coups de tronçonneuse,
gloire au crochetage de chattes et au sacre des foreuses,
gloire aux ruines de Gaza et à la Riviera de la haine,
gloire à la loi du plus fort en Ukraine…
Il n’y a pas de fatalité
à subir cette putréfaction,
tant que circule le souffle de la révolte.