CABOU

vermine

(samedi 2 décembre 2023)

Impossible de me lever
ni de bouger.
Je reste prostré dans mon lit,
bien éveillé.
Sans aucun doute, aujourd’hui,
je n’irai pas travailler.
Mon père, mon manager
me traitent de vermine,
ma chère sœur et ma mère...
le monde entier fulmine.
Tous ces gens me houspillent,
me chassent, me brutalisent.
Faut juste me faire oublier...
laisser passer la crise.

Je ne peux plus rien avaler,
pas même du miel.
Je tourne en rond,
pris de relents pestilentiels.
Ma voix éraillée me prive
de toutes liaisons essentielles.
Je crois deviner que
les femmes chuchotent,
tout me porte à penser que
les hommes complotent.
Mais tous ces gens s’égarent
s’ils craignent que je les menace.
Je dois juste me cacher...
attendre que ça passe.

Mon cœur est desséché
par la monotonie.
Je me vois dans un état
proche de l’agonie,
subissant tant de fêlures
qui me laissent démuni.
J’engage l’ultime
contact pacificateur,
mais ne reçois qu’assauts
des plus destructeurs.
Je ne lis dans tous ces regards
que haine et répugnance.
Je ne suis qu’une infection
qu’on purge sans défaillance,
une brute vile et hideuse,
sans aucune importance,
une vermine qu’on écrase
d’un geste de toute confiance,
une pourriture qui expose
aux pires déviances,
un être dont la destruction
vaut pour leur délivrance.

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Adaptée de La Métamorphose - Franz Kafka