CABOU

La rivière

(dimanche 21 mars 2021)

Qu’elle soit vive ou morte,
elle traîne sa détresse,
corsetée
par tant de dérivations
et de biefs tordus.

Teinturiers, mégissiers,
tanneurs, meuniers...
main d’œuvre en péril
exploitant, jusqu’à la pourrir,
la même ressource.

Faut-il pour autant accabler
ces compagnons de misère,
en les accusant
d’être responsables
de leur propre désastre ?

Non ce n’est pas
la « tragédie des communs ».
C’est plutôt
le commerce des humains,
l’infection !

Les voyous de la Croule
observent ce lit gorgé
de plis fangeux
enlaçant l’île aux singes
de ses bras maladifs.

Après s’être bâfré
de tant d’humeurs puantes,
le fleuve s’entortille
et se décharge
sur les côtes anglaises.

Haussmann, qui se gausse
de vertus hygiénistes,
charrie des tonnes de bourgeois
pour ensevelir
d’improbables thalwegs.

Non ce n’est pas
la « tragédie des communs ».
C’est plutôt
le commerce des humains,
la fosse d’aisance !

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Tout près,
Saint Antoine
donne la réplique
à Saint Marcel,
improvisant le chant
révolutionnaire
des faubourgs parisiens.

Tout près,
de la barrière d’Italie
hurle encore
le tumulte de juin,
inaugurant
les trahisons
républicaines.

Tout près,
l’irraisonnable
butte-aux-Cailles
de Wroblewski
défie la troupe,
pour les beaux yeux
de la commune.

Non ce n’est pas
la « tragédie des communs ».
C’est plutôt
le commerce des humains,
l’immondice !
L’immondice !

La rivière