Tant qu’il y aura des places à prendre,
badaboum balai, badaboum balai,
on ne manquera jamais
de candidats aux concours de saligauds.
C’est ainsi que l’on vit
des aristos se transformer
en d’authentiques bourgeois,
quand l’histoire les obligea
à renier leur classe pour rester maîtres.
Savez-vous comment se bâtissent les élites ?
Savez-vous à quel rythme vibre ce temps,
quand, tout juste sorties des rangs de l’école,
s’érigent d’inflexibles girouettes,
sachant tant bomber le torse au vent,
puis se vider d’un trait,
pour débiter leurs leçons de choses ?
Tant qu’il y aura des places à prendre,
badaboum balai, badaboum balai,
on ne manquera jamais
de candidats aux concours de saligauds.
C’est ainsi que l’on vit
des officiers tsaristes
rejoindre la bureaucratie rouge,
et, à coup de sabre et de knout,
garder leur place
du côté du manche.
Voyez-vous comment s’animent
les pulsions d’une classe vorace qui,
au grès des circonstances,
dévore goulûment ses sujets ou digère
avec délicatesse ses opposants ?
Le seul but : tenir, quoi qu’il en coûte.
Tenir et tenir...
toujours faire rouler la turbine.
Tant qu’il y aura des places à prendre,
badaboum balai, badaboum balai,
on ne manquera jamais
de candidats aux concours de saligauds.
Et voilà pourquoi il faut casser la turbine
et, dès maintenant, construire
une société sans places à prendre.